Plénière du GAFI: 4 états retirés de la liste grise, des travaux sur l’IA et la restitution des avoirs
Le GAFI vient de clore sa quatrième plénière sous la présidence de Mme Elisa de Anda Madrazo (Mexique), avec un message clair : “rendre le crime non rentable”. Pendant trois jours, les délégués de plus de 200 pays et territoires ont planché sur les priorités mondiales de la lutte contre le blanchiment, le financement du terrorisme et la prolifération des armes.
Nouveau cycle d’évaluations : cap sur l’efficacité
La plénière du 22 au 24 octobre a inauguré un nouveau cycle d’évaluations mutuelles. La Belgique et la Malaisie ont été les premières à passer ce nouveau test, désormais plus axé sur les résultats concrets que sur la seule conformité réglementaire. Les pays devront désormais davantage démontrer leur capacité à identifier, poursuivre et sanctionner efficacement les flux financiers illicites. Les rapports seront publiés en décembre 2025, marquant une étape dans l’approche “fondée sur les risques”, chère au Groupe.
Ce nouveau cycle marque un changement de paradigme: le GAFI veut davantage juger les pays sur les résultats obtenus. Les États devront prouver l’efficacité de leurs dispositifs à travers des indicateurs concrets — nombre d’enquêtes, montants saisis, coopération inter-services, qualité du renseignement financier etc. Pour les autorités nationales comme pour les professionnels de la LCB-FT, cette évolution impose de renforcer la culture de la preuve: cartographie des risques, traçabilité opérationnelle, et communication de résultats tangibles aux régulateurs.
Il a par ailleurs été annoncé que le Burkina Faso, le Mozambique, le Nigeria et l’Afrique du Sud sortaient de la liste grise du Groupe. Leur retrait récompense des réformes structurelles et la mise en œuvre de plans d’action validés lors de visites sur place. Ces pays continueront à être accompagnés par leurs groupes régionaux (GIABA et ESAAMLG), afin de consolider leurs avancées.
Chose peu commune, aucun pays n’a été ajouté sur une liste au cours de cette réunion plénière.
La restitution des avoirs, un pilier stratégique
Autre axe de travail majeur évoqué pendant cette plénière: la restitution des avoirs criminels, avec l’adoption d’un guide international dédié à cette thématique. Ce texte vise à aider les États à identifier, geler et confisquer les produits du crime, y compris au-delà des frontières.
Dans un contexte où les criminels exploitent les failles transnationales pour déplacer leurs fonds, ce guide est présenté comme un tournant opérationnel : il s’agit de rendre la criminalité “non rentable” en privant les réseaux de leurs bénéfices.
Pour les professionnels du secteur financier et de la conformité, cette orientation signifie à terme une intensification des exigences en matière de traçabilité et de coopération internationale.
Intelligence artificielle et deepfakes : les nouveaux risques financiers
Le GAFI a également approuvé un “Horizon Scan” consacré aux risques émergents liés à l’intelligence artificielle et aux deepfakes. Le Groupe alerte sur l’usage croissant de ces technologies par des acteurs criminels :
falsification de documents et d’identité ;
manipulation d’images et de voix ;
usurpation de dirigeants (“CEO fraud”) ;
et exploitation d’algorithmes pour masquer l’origine de fonds illicites.
Ce travail de prospective, partagé avec les secteurs public et privé, doit permettre de mieux anticiper les menaces et d’intégrer l’IA dans les stratégies de conformité et de supervision.
Le réseau mondial renforcé et des standards en mutation
La plénière a encore salué la participation de nouveaux États dans le cadre de la Guest Initiative, notamment la Jamaïque et le Nigeria. Le réseau mondial du GAFI s’élargit ainsi à plus de 200 pays et territoires, soutenues par les organismes régionaux (APG, GIABA, GAFILAT, etc.). La suspension de la Russie, décidée en 2023, demeure en vigueur, le GAFI estimant que les conditions d’un retour ne sont pas réunies.
L’organisation a enfin insisté sur la mise à jour des standards :
adaptation aux technologies numériques (cryptomonnaies, fintech, IA) ;
renforcement du contrôle effectif de la propriété bénéficiaire ;
meilleure articulation entre les États et le secteur privé pour détecter les schémas complexes de blanchiment.
Vous pouvez consulter le communiqué de presse relatif à la plénière, en anglais, sur le site du GAFI.