Basel AML Index 2025: retour sur le classement mondial des risques de BC-FT
Le Basel Institute on Governance, vient de publier la 14ᵉ édition de son AML Index. Cet indice indépendant évalue le risque de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme (BC‑FT) pour 203 pays et juridictions (177 dans sa version publique), à partir de 17 sources publiques reconnues, dont le GAFI, Transparency International ou la Banque mondiale. En résulte l’attribution d’une note de 0 à 10 – 10 représentant la plus forte exposition au risque de BC-FT pour l’Etat concerné. L’objectif est de fournir aux décideurs et praticiens une cartographie rapide et fiable des vulnérabilités, en complément des listes officielles telles que celles du GAFI.
Nous avions présenté une première synthèse de l’indice l’année dernière, et reconduisons l’exercice pour cette édition, relativement stable.
Une stagnation globale mais des évolutions contrastées, des extrêmes persistants
Le score mondial moyen apparaît à première vue quasi stable par rapport à l’année dernière: il passe en effet de 5,30/10 en 2024 à 5,28/10 cette année. Cette variation marginale traduit un constat simple: le progrès global contre le blanchiment reste limité, malgré des efforts ponctuels dans certains pays.
Pour autant, cette moyenne cache des évolutions très contrastées. Plus de la moitié des pays améliorent leur score, mais 43% voient leur niveau de risque augmenter. Les progrès des juridictions à risque élevé sont souvent contrebalancés par un glissement des pays historiquement bien notés, illustrant qu’aucune région du monde n’est à l’abri des vulnérabilités en matière de BC‑FT.
En tête du classement, des pays comme la Finlande et plusieurs petits États européens restent parmi les moins exposés, confirmant la solidité de leurs cadres réglementaires et leur faible vulnérabilité. À l’inverse, Myanmar, Haïti et la République démocratique du Congo continuent d’occuper les places les plus risquées. Ces résultats recoupent largement les juridictions identifiées par le GAFI comme présentant des déficiences importantes, tout en reposant sur une approche plus large que la seule conformité aux recommandations du GAFI, en intégrant notamment des indicateurs de gouvernance, de corruption, de transparence financière.
Certaines évolutions notables méritent toutefois d’être soulignées: plusieurs pays d’Afrique subsaharienne ont progressé, souvent suite à leur retrait de la liste grise du GAFI, tandis que certaines économies avancées ont vu leur score se dégrader: la France passe ainsi d’une note de 3,86 à 3,99 – exposition au risque en hausse, donc.
Les juridiction les plus risquées en matière de BC-FT - Basel Index 2025 - Basel Institute on Governance
Meilleure distinction des niveaux de risque et prise en compte accrue des risques liés aux cryptos
L’indice 2025 met davantage l’accent sur la distinction entre différents niveaux de risque: les juridictions sont désormais classées en catégories “faible”, “intermédiaire” et “élevé”, ce qui permet aux praticiens de mieux calibrer leurs approches par pays plutôt que de se limiter à un score global. La méthodologie consacre également une attention accrue aux risques émergents liés aux actifs virtuels et aux technologies financières, un enjeu crucial dans un contexte où la criminalité financière évolue rapidement.
Les pays les plus exposés demeurent dans l’ensemble les mêmes que ceux déjà identifiés dans les éditions récentes, même si des variations de scores signalent quelques évolutions contrastées.
Il convient de garder en tête que l’indice de Bâle ne mesure pas le volume de blanchiment, mais la vulnérabilité d’un pays et sa capacité à y répondre. Il constitue un indice de référence pour les professionnels de la conformité, qui peuvent le considérer comme:
Une source d’information complémentaire aux évaluations du GAFI, utile pour identifier les risques pays,
Une manière de détecter les zones grises, où le risque n’est pas pleinement capté par les listes officielles,
Un outil pour adapter les mesures de vigilance selon des critères plus fins que la seule classification GAFI.
Qu’est-ce que l’Institut de Bâle sur la gouvernance ?
Le Basel Institute on Governance – ou iIstitut de Bâle sur la gouvernance – est une organisation non gouvernementale internationale consacrée à la prévention de la corruption et la criminalité financière. Il a été fondé en 2003, et est un institut associé de l’Université de Bâle. Outre la publication de l’AML Index, l’Institut contribue à la promotion du recouvrement des avoirs au travers de l’International Centre for Asset Recovery (ICAR).